dimanche 20 mars 2016

Gilles Palsky s'explique #1 Parcours

Lors de la réunion de l'Oucarpo du 2 février 2016, Gilles Palsky, professeur de géographie à l'université de Paris 1 et membre fondateur de l'Oucarpo, a présenté les orientations de ses recherches en histoire de la cartographie, que nous résumons ici.

GP après un cursus en histoire et en géographie, a choisi d'associer ces deux disciplines dans ses recherches, en s'intéressant à l'histoire de la cartographie. Ayant suivi comme étudiant des enseignements en cartographie, il a choisi de s'interroger sur les codes ou conventions graphiques des cartes, comment ils se sont mis en place, diffusés, standardisés. Un premier thème d'étude a été la cartographie militaire de l'époque napoléonienne, et plus précisément la représentation des conflits, campagnes, marches et batailles, par les ingénieurs-géographes militaires. L'un des enjeux de ce travail était de comprendre par quels procédés était figuré le mouvement, et donc le temps, sur les cartes. 

La recherche de thèse a ensuite porté sur le langage de la cartographie quantitative. Dans un contexte d'engouement pour la statistique, les principales méthodes de cartographie quantitative se mettent en place dans la première moitié du XIXe siècle. Elles sont le fait de divers spécialistes, observateurs sociaux, médecins, ingénieurs, hors des cercles habituels des cartographes-géographes. Parmi eux se trouve Charles Dupin, qui imagine la première carte choroplèthe, ou encore l'ingénieur Charles-Joseph Minard, qui dessine de nombreuses cartes de flux. Le milieu des ingénieurs des ponts et chaussées est particulièrement innovant. On trouve ainsi les premières anamorphoses cartographiques dans des albums statistiques des travaux publics, dès les années 1880. Ces méthodes parviendront en géographie assez tardivement, à la fin du XIXe siècle.

Le travail sur les codes s'est poursuivi avec l'analyse des codes de couleurs dans les cartes thématiques (climat, géologie, végétation), réalisée à l'occasion d'une exposition de la Bibliothèque nationale de France, Couleurs de la Terre, en 1999. GP n'a pas abandonné la réflexion sur le langage des cartes, l'appliquant plus récemment à des formes de cartographie numérique.

L'étude des couleurs a orienté les recherches de GP vers les rapports entre la cartographie et le fait politique. La floraison de cartes ethnographiques, qui accompagne l'invention des nations, se caractérise par une grande variété graphique. De telles cartes sont particulièrement susceptibles d'être biaisées, et utilisées à des fins de propagande. GP a notamment abordé l'emploi de ces cartes à l'occasion de la conférence de la paix de Versailles, en 1919. Il a, plus récemment, travaillé sur le modèle des atlas nationaux (à partir du premier d'entre eux, l'Atlas de Finlande, 1899) et son rôle dans la construction des identités nationales, au même titre que la langue, les paysages, le folklore, etc.

GP s'est également attaché à des formes plus contemporaines, les cartes participatives. Il s'agit de cartes réalisées collectivement, par une communauté, exprimant ainsi ses valeurs culturelles, sa vision du territoire. De telles cartes ont notamment été promues dans le contexte de l'aide au développement.

Hormis ces quelques orientations, les recherches de GP se sont portées de façon plus ponctuelle sur d'autres formes graphiques. Les diagrammes, développés depuis la fin du XVIIIe siècle (Playfair, de Fourcroy), qui ont permis au langage graphique de progresser vers l'abstraction. Les tableaux comparatifs de montagnes et de fleuves, planche populaire dans les atlas du XIXe siècle, qui ont fait l'objet d'un livre récent, écrit avec Jean-Marc Besse (Le Monde sur une Feuille, 2013). 

Enfin, pour une publication à venir, GP a étudié les cartes allégoriques, religieuses ou profanes. De telles cartes, à l'image de la fameuse carte du pays de Tendre, usent de l'espace de façon métaphorique, afin d'exprimer des itinéraires de l'existence, chemin vers le salut, quête de l'amour ou de l'amitié, voie conduisant au mariage.

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